Nutrition et Endométriose

par | Mar 30, 2025 | Non classifié(e) | 0 commentaires

Introduction

L’endométriose est une condition médicale qui touche des millions de femmes dans le monde entier, provoquant des douleurs chroniques, de l’infertilité et une variété d’autres symptômes pouvant altérer la qualité de vie. Bien que les traitements médicaux soient essentiels, la nutrition joue un rôle clé dans la gestion de cette maladie. Dans cet article, nous explorerons comment certains aliments peuvent aider à réduire l’inflammation, équilibrer les hormones et soulager certains des symptômes les plus courants associés à l’endométriose. Si vous vivez avec cette condition, une alimentation adéquate peut devenir un outil puissant pour améliorer votre bien-être général et votre santé reproductive.

Qu'est-ce que l'endométriose ?

L’endométriose est une pathologie chronique, inflammatoire et hormonodépendante dans laquelle le tissu de l’endomètre et des tissus similaires se développent en dehors de l’utérus. L’endométriose n’affecte pas seulement le système reproducteur féminin, mais peut compromettre plusieurs organes et systèmes en raison de la migration du tissu endométrial en dehors de sa localisation normale.

Les organes les plus affectés par l’endométriose sont les suivants :

Organes reproducteurs :

  • Ovaires → Peut provoquer des kystes appelés endométriomes.
  • Trompes de Fallope → Peut entraîner des obstructions affectant la fertilité.
  • Utérus → Dans certains cas, elle peut coexister avec l’adénomyose (lorsque le tissu endométrial se développe à l’intérieur du muscle utérin).

Système digestif :

  • Intestin (côlon et rectum) → Peut provoquer des symptômes comme la constipation, la diarrhée, les ballonnements et des douleurs lors de la défécation.
  • Appendice → Peut provoquer des symptômes similaires à ceux de l’appendicite.

Système urinaire :

  • Vessie → Peut générer des symptômes tels que des envies fréquentes d’uriner, de la douleur en urinant et, dans les cas avancés, du sang dans les urines
  • Uretères → Peut entraîner des obstructions affectant la fonction rénale

Organes moins courants mais possibles :

  • Poumons (endométriose thoracique) → Peut provoquer des douleurs thoraciques ou un collapsus pulmonaire pendant les menstruations.
  • Diaphragme → Peut causer des douleurs dans la partie supérieure de l’abdomen et les épaules.
  • Système nerveux → Dans de rares cas, cela peut affecter les nerfs, provoquant de la faiblesse dans les jambes ou des douleurs neuropathiques.

On estime qu’une femme sur dix pourrait souffrir d’endométriose, bien que les chiffres réels restent imprécis en raison de la difficulté et du retard dans son diagnostic. En fait, le délai moyen pour obtenir un diagnostic peut varier entre 7 et 10 ans.

La cause exacte de l’endométriose est encore inconnue, mais plusieurs hypothèses sont envisagées, sans que nous les abordions dans cet article.

Ce que nous savons, c’est qu’il existe certains facteurs de risque qui peuvent accélérer ou augmenter le risque de développer l’endométriose :

  • Ne pas avoir eu d’enfants.
  • Puberté précoce
  • Ménopause tardive.
  • Cycles menstruels courts (< 27 jours).
  • Périodes menstruelles abondantes (> 7 jours).
  • Niveaux élevés d’œstrogènes ou une plus grande exposition à ceux-ci tout au long de la vie.
  • Indice de masse corporelle bas.
  • Antécédents familiaux.
  • Obstruction du flux menstruel en raison de maladies ou de conditions du tractus reproductif

Actuellement, il n’existe pas de remède, c’est pourquoi l’objectif thérapeutique se concentre sur l’amélioration des symptômes afin de garantir une meilleure qualité de vie aux femmes qui en souffrent.

Symptômes

L’un des plus grands défis dans le diagnostic de cette pathologie est la grande variabilité des symptômes entre les patientes, ce qui peut compliquer sa détection précoce. De plus, l’intensité ou le degré de ces symptômes ne sont pas de bons indicateurs de l’étendue ou de la gravité de l’endométriose. Il peut même y avoir des cas d’endométriose asymptomatiques.

Les principaux symptômes identifiés sont les suivants :

Douleur :

  • Douleur pelvienne chronique, qui peut s’aggraver pendant les menstruations.
  • Dysménorrhée intense (douleur menstruelle sévère).
  • Douleur pendant ou après les rapports sexuels (dyspareunie).
  • Douleur lors de la défécation ou de la miction, particulièrement pendant les menstruations.

Troubles menstruels :

  • Menstruations abondantes (ménorragie).
  • Saignements irréguliers entre les cycles.

Symptômes digestifs et urinaires :

  • Ballonnements abdominaux (« endo belly »).
  • Constipation ou diarrhée cyclique.
  • Envie fréquente d’uriner ou difficulté à vider la vessie.

Autres symptômes :

  • Fatigue chronique et manque d’énergie.
  • Dépression, anxiété.
  • Infertilité ou difficulté à concevoir.
  • Douleur lombaire ou dans les jambes (lorsque cela affecte les nerfs voisins).

Diagnostic

Comme mentionné précédemment, le diagnostic de l’endométriose peut prendre jusqu’à 10 ans depuis l’apparition des premiers symptômes, qui se manifestent généralement après les premières menstruations.

L’un des principaux défis dans sa détection est la grande variété des symptômes, qui peuvent différer considérablement entre les patientes. De plus, le manque de formation spécifique chez certains professionnels de santé contribue à des diagnostics erronés. Des symptômes communs comme les ballonnements abdominaux ou la constipation peuvent être confondus avec des troubles digestifs, retardant ainsi l’identification de la maladie.

Un autre obstacle clé — et pour moi, l’un des plus préoccupants — est le manque d’empathie envers les patientes. Il est essentiel que le personnel soignant apprenne à écouter sans préjugés, à poser les bonnes questions et à reconnaître les schémas de symptômes qui orientent vers un diagnostic plus précis. Par-dessus tout, il est primordial de valider la douleur et la souffrance des femmes qui viennent en consultation, en évitant de minimiser leurs symptômes ou de les rejeter comme étant « normaux ».

Traitements disponibles

L’objectif principal des traitements est d’arrêter la progression des lésions et de soulager la douleur. Ils se classent en deux lignes de traitement :

  • Première ligne : Ce sont les traitements initiaux pour la maladie. Ce groupe comprend les analgésiques pour la gestion de la douleur et les contraceptifs hormonaux, qui aident à contrôler la croissance du tissu endométrial.
  • Deuxième ligne : Ces traitements sont utilisés lorsque les traitements de première ligne ne sont pas efficaces ou ne peuvent pas être administrés en raison de contre-indications ou d’allergies. Cela inclut les opioïdes, les agonistes de GnRH et les antagonistes de GnRH, qui agissent en réduisant les niveaux d’œstrogènes pour limiter la progression de la maladie.

Les interventions chirurgicales varient en fonction du type d’endométriose présent (adénomyose, péritonéale, ovarienne ou nodulaire). Dans certains cas, la chirurgie peut être une option pour éliminer les lésions et améliorer la qualité de vie de la patiente

Rôle de l'alimentation

Il est important de préciser qu’il n’existe pas de « régime spécial » pour l’endométriose (si quelqu’un essaie de vous vendre quelque chose de ce genre, c’est du pur marketing). Étant donné que les symptômes varient énormément d’une femme à l’autre, les recommandations nutritionnelles doivent être adaptées à chaque personne. C’est pourquoi la clé de la diétothérapie dans le traitement de l’endométriose réside dans la personnalisation.

L’objectif du traitement diététique est d’améliorer la qualité de vie de la femme et de réduire, dans la mesure du possible, la douleur, mais en aucun cas il ne peut guérir la maladie.

Étant donné que l’endométriose est une pathologie inflammatoire et hormonodépendante (liée à l’hyperoestrogénie), la stratégie nutritionnelle se concentrera sur la modulation de l’inflammation et le soutien de l’équilibre hormonal, afin de réduire les niveaux d’œstrogènes.

Les prostaglandines sont des substances dérivées des acides gras qui agissent comme des messagers chimiques dans diverses fonctions du corps, y compris l’inflammation, la réponse immunitaire et l’équilibre hormonal.

Il existe différents types de prostaglandines, mais de manière générale :

  • PGE1 : Elle a un effet anti-inflammatoire et aide à améliorer la circulation. Elle est obtenue à partir de l’acide gamma-linolénique (GLA), présent dans l’huile d’onagre,la bourrache, les graines de chanvre et les fruits à coque.
  • PGE2 : Elle est pro-inflammatoire, augmente la douleur et favorise les contractions utérines. Elle est produite à partir de l’acide arachidonique (AA), que l’on trouve dans les viandes rouges, les charcuteries, les produits laitiers entiers et les huiles raffinées. De plus, une production excessive de PGE2 peut être favorisée par le stress chronique et un régime pauvre en oméga-3, ce qui souligne l’importance d’un approche nutritionnelle adéquate.
  • PGE3 : Elle a un effet modérément anti-inflammatoire et aide à contrer l’action de la PGE2. Elle se forme à partir de l’acide eicosapentaénoïque (EPA), présent dans les poissons gras, la chia, le lin et les noix

Alimentation anti-inflammatoire :

En ce qui concerne l’inflammation, les recommandations nutritionnelles pour l’endométriose suivent des principes similaires à ceux des autres pathologies inflammatoires systémiques.

Il est conseillé d’éviter ou de réduire au maximum :

  • L’alcool et le tabac : Ils ont non seulement un effet pro-inflammatoire, mais perturbent également l’équilibre hormonal. L’alcool, en particulier, interfère avec la dégradation des œstrogènes, augmentant leur concentration dans l’organisme et favorisant ainsi
    l’inflammation.
  • La consommation de sucres, de farines blanches et d’aliments ultra-transformés : Ils favorisent la production de prostaglandines de type 2 (PGE2), des molécules clés dans les processus inflammatoires et douloureux. De plus, la viande rouge, les charcuteries et les produits laitiers entiers apportent de l’acide arachidonique (AA), un précurseur des PGE2, ce qui peut aggraver la réponse inflammatoire. D’autre part, les huiles végétales raffinées (soja, tournesol, maïs), présentes dans de nombreux produits ultra-transformés, contribuent au déséquilibre de la production de prostaglandines, exacerbant l’inflammation.

Il pourrait être utile de considérer si l’histamine aggrave les symptômes de l’endométriose, car en présence d’hyperoestrogénie, sa libération augmente (plus d’œstrogènes = plus d’histamine). De plus, l’utérus est particulièrement sensible à l’histamine, ce qui pourrait intensifier les symptômes. Selon les cas, l’évaluation d’un régime pauvre en histamine pourrait être une stratégie utile pour réduire l’inconfort et améliorer la qualité de vie.

Pour moduler l’inflammation et favoriser un équilibre hormonal adéquat, il est important d’inclure dans l’alimentation des aliments aux propriétés anti-inflammatoires et régulatrices du système immunitaire:

 

  • Sources d’oméga-3 : Les acides gras oméga-3 favorisent la production de PGE1 et aident à équilibrer la production de PGE2, réduisant ainsi l’inflammation. On les trouve dans les poissons gras (saumon, sardines, maquereau), les fruits à coque (noix), les graines et l’huile de lin et de chia.
  • Vitamine D : S’exposer au soleil pendant environ 10 minutes par jour aide à maintenir des niveaux adéquats de cette vitamine, essentielle pour la modulation du système immunitaire et la réduction de l’inflammation.
  • Épices anti-inflammatoires : Intégrer du gingembre, du persil, de la cannelle et du curcuma dans l’alimentation peut renforcer l’effet anti-inflammatoire. Cependant, leur impact sera limité s’ils ne sont pas combinés avec un mode de vie sain et une alimentation équilibrée.
  • Aliments riches en quercétine : La quercétine est un puissant anti-inflammatoire qui inhibe également la sécrétion d’histamine, ce qui peut être bénéfique en cas d’hyperoestrogénie. Elle se trouve dans l’oignon, le brocoli, la pomme et les fruits rouges.

Réduction des niveaux d'œstrogènes :

Pour réguler les niveaux d’œstrogènes et réduire leur impact sur l’endométriose, il est essentiel d’inclure certains aliments dans l’alimentation et de contrôler des facteurs hormonaux clés.

  • Crucifères : Intégrer des aliments comme le chou-fleur, le brocoli et les choux de Bruxelles, qui ont des propriétés anti-inflammatoires et favorisent l’élimination des œstrogènes dans l’organisme.
  • Inhibiteurs naturels de l’aromatase : L’aromatase est l’enzyme responsable de la transformation des androgènes en œstrogènes. Certains composés naturels aident à inhiber son action, tels que :
    • Polyphénols : Présents dans les fruits rouges, les noix et les cacahuètes.
    • Resvératrol : Se trouve dans les raisins et les fruits rouges.
    • Quercétine : Abondante dans l’oignon, la pomme et les fruits rouges.
    • Flavonoïdes : Contenus dans l’oignon, les asperges, le chou et les artichauts.
    • Lignanes : Présents dans les céréales complètes et les graines de lin.
    • Stérols : Se trouvent dans l’huile d’olive et les légumineuses.

Maintenir des niveaux adéquats de progestérone est essentiel pour éviter un excès d’œstrogènes, car sa diminution peut contribuer à un état d’hyperestrogénie. Pour favoriser sa production, il est recommandé de :

  • Assurer des niveaux adéquats de cholestérol : Le cholestérol est le précurseur des hormones sexuelles, il est donc nécessaire de maintenir un équilibre sans restriction excessive de graisses saines.
  • Augmenter l’apport en vitamines du groupe B, en particulier la B6, présente dans les bananes, les légumineuses et les céréales complètes
  • Inclure des antioxydants : Ils aident à réduire les dommages oxydatifs et l’inflammation associée à un excès d’œstrogènes.
  • Gérer le stress : Le stress chronique peut affecter la production de progestérone, favorisant ainsi le déséquilibre hormonal.

Autres facteurs

Perturbateurs endocriniens :

Étant donné que l’endométriose implique les systèmes immunitaire, hormonal et endocrinien, il est essentiel de minimiser l’exposition aux toxines pouvant interférer avec les œstrogènes et aggraver le déséquilibre hormonal.

Quelques conseils à suivre concernant l’alimentation :

  • Prioriser les contenants en verre plutôt que les boîtes de conserve (poisson, légumineuses, légumes), car ces dernières peuvent contenir du bisphénol A (BPA), un composé chimique qui peut migrer vers les aliments.
  • Éviter les aliments enveloppés dans du film en polychlorure de vinyle (PVC), car ces matériaux peuvent libérer des substances perturbant l’équilibre hormonal.
  • Opter pour des matériaux sûrs comme le verre ou la céramique pour les bouteilles, les boîtes hermétiques et les ustensiles de cuisine.
  • Laver et désinfecter les fruits et légumes avant de les consommer afin de réduire la présence de pesticides et d’autres substances chimiques.
  • Vérifier l’état du matériel de cuisine (poêles, casseroles, ustensiles) et éviter ceux qui ont des revêtements endommagés pouvant libérer des substances nuisibles.

Maladies auto-immunes :

Les femmes atteintes d’endométriose ont un risque accru de développer des maladies auto-immunes telles que le lupus, la sclérose en plaques, l’arthrite rhumatoïde ou la maladie cœliaque. Cependant, il n’est pas encore clair si ces maladies prédisposent à l’endométriose ou si c’est l’endométriose elle-même qui augmente le risque de les développer.

Surpoids :

Contrairement à la croyance populaire, une quantité adéquate de graisses corporelles est essentielle à la production d’hormones sexuelles. Toutefois, un excès de graisse augmente les niveaux d’œstrogènes, et des niveaux élevés d’œstrogènes favorisent l’accumulation de graisses, créant ainsi un cercle vicieux. La clé pour rompre ce cycle réside dans une alimentation adéquate et un mode de vie sain, qui aideront à équilibrer le métabolisme hormonal.

Exercice physique :

L’exercice physique peut être un grand allié dans la gestion de l’endométriose, tant qu’il est adapté aux besoins et aux limitations de chaque femme. Les avantages de pratiquer régulièrement une activité physique sont nombreux :

  • Réduction de l’inflammation : Le mouvement aide à diminuer les niveaux de cortisol et à améliorer la circulation, réduisant ainsi l’inflammation chronique.
  • Équilibre des niveaux d’œstrogènes : L’exercice favorise l’élimination des œstrogènes en excès, évitant qu’ils ne s’accumulent et aggravent les symptômes.
  • Soulagement de la douleur : L’exercice stimule la libération d’endorphines, qui ont un effet analgésique naturel et peuvent aider à réduire la douleur.
  • Amélioration de la santé intestinale : Un intestin sain contribue à une meilleure élimination des œstrogènes et des toxines.
  • Amélioration de la santé mentale : L’exercice réduit l’anxiété et le stress, des facteurs pouvant aggraver les symptômes de l’endométriose.

Le type d’exercice physique recommandé dépendra de chaque femme (ses goûts, son temps, les installations disponibles, la douleur, etc.). Toute activité physique compte !

✔ Exercice de faible à modérée intensité : Le yoga, le Pilates, la natation ou la marche peuvent être idéaux pour réduire l’inflammation et améliorer la flexibilité.

✔ Entraînement de force : Favorise l’équilibre hormonal et la santé métabolique.

✔ Exercices de mobilité et de respiration : Aident à soulager les tensions et à améliorer la fonction pelvienne.

Écouter son corps est essentiel. Lors des journées de douleur ou de fatigue plus intenses, il est recommandé d’opter pour des mouvements doux ou un repos actif.

Conclusion

L’endométriose est une maladie complexe dans laquelle interviennent des facteurs hormonaux, immunologiques et métaboliques, affectant la qualité de vie de nombreuses femmes. Son diagnostic peut être retardé, et ses symptômes, variables, vont de la douleur pelvienne chronique à des troubles digestifs et à la fatigue. L’alimentation et le mode de vie jouent un rôle clé dans la gestion de l’inflammation, de l’équilibre hormonal et du bien-être général.

Si vous souffrez d’endométriose et souhaitez améliorer votre qualité de vie grâce à une nutrition et des habitudes appropriées, je serai ravie de vous accompagner dans ce processus. Ensemble, nous pouvons élaborer une stratégie adaptée à vos besoins. Mon cabinet se situe à Pernes-les-Fontaines, mais je propose également des consultations en ligne pour plus de flexibilité.

Prenez rendez-vous et faites le premier pas vers votre bien-être !